Vivre la 6eme

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Yann et Marc dans le Vendée Globe (article du télégramme)

Nous on aime la solidarité et le courage des gens de mer  . Merci Marc Guillemot et Yann Elies (photo deu télégramme) du 21 dec 2008

 

Article  de le Télégramme du 21 dec 2008
 
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Vendée Globe. Guillemot, l’ange-gardien de l’Indien

Après avoir soutenu moralement Yann Eliès pendant 48 heures et assisté à son sauvetage (lire en page 3), Marc Guillemot a repris la course. Juste avant de renvoyer de la toile, il nous a envoyé ces quelques lignes...

« Le Vendée Globe représente un minimum de trois ans de préparation, d’énergies humaines qui convergent et s’associent pour construire le projet.
« Une situation difficile à vivre »
C’est une implication totale d’une équipe, des proches, des amis. Et pourtant, la course peut s’arrêter en un instant pour un problème technique, un démâtage ou une accumulation de problèmes. Dans notre cas, l’abandon de Yann Eliès, entraînant de fait l’arrêt de ma progression, est à mettre dans des registres différents. Yann gravement blessé, seul et forcément atteint psychologiquement, avait besoin de sentir une présence humaine à proximité pour l’accompagner en attendant l’arrivée des secours australiens. Moi, à bord de « Safran », en bagarre dans le second groupe de quatre, en 7 e position, et stratégiquement bien placé pour gagner du terrain avant le prochain point de passage obligatoire, j’ai dû, à la demande de la direction de la course, rejoindre le plus rapidement possible la position de Yann, 100 milles dans mon Nord, mais finalement avec le temps à 145 milles.
J’ai vécu une situation similaire en mer dans mon humble vie de marin et pour avoir eu le rôle de Yann, je ressentais l’angoisse, la souffrance, l’isolement et l’impuissance dans laquelle il se trouvait. La situation était forcément difficile à vivre pour moi, même si aucun mal ne me faisait souffrir.
« Je reste en course »
Pour « Generali », l’arrêt est définitif. Pour « Safran », ce stop était temporaire et conditionné dans le temps à l’arrivée de la frégate australienne. Yann sera bientôt à terre, bien soigné, bien entouré. Son bateau sera récupéré par une partie de son équipe. Pour moi, c’est différent : le parcours à effectuer avant l’arrivée aux Sables d’Olonne est encore long, plus de la moitié de la distance. Mes camarades de jeu sont maintenant très loin devant. Pour ce nouveau départ, les conditions me sont moins favorables qu’au moment de mon arrêt. Où trouver toutes les ressources qui permettent à chacun d’entre nous, en course, d’être combatif, déterminé, lucide ? Je n’ai pas encore les réponses mais ce qui est certain, c’est qu’en continuant, je reste en course. Je mènerai le bateau dans un souci de performance et je n’ai pas l’intention de faire de la croisière en solitaire à bord de « Safran ». Alors, laissons la vie de coureur reprendre ses droits.
« Bonnes fêtes de Noël »
Je m’étais fixé trois objectifs précis : être au départ des Sables d’Olonne le 9 novembre 2008, couper la ligne d’arrivée trois mois plus tard et enfin, le graal, l’emporter. Le dernier paraît aujourd’hui plus qu’improbable, le premier a été tamponné et validé. Je vais faire en sorte d’assurer le second seul sur un parcours des plus solitaires. Bonnes fêtes de Noël en direct d’un océan Indien fidèle à sa réputation . Le 20 décembre 2008, à bord de « Safran » par 45°46 Sud - 122° 05 Est.
Marc Guillemot



21/12/2008
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