Vivre la 6eme

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Décès de Joseph Martray

Ouest france 3 juin 2009
Joseph Martray était titulaire de la Légion d'honneur. : Archives Ouest-France

Il fut l'un des grands acteurs de la renaissance économique et culturelle bretonne des années soixante.Il s'est éteint lundi, à l'âge de 95 ans.

Fils et petit-fils de commerçants de Lamballe, où il est né en mai 1914, Joseph Martray, brillant élève, a été encouragé à poursuivre des études par Henri Avril, député républicain des Côtes-du-Nord. Dans l'amphi de l'École supérieure de Lettres de l'Université de Rennes, il côtoie Pierre Jakès-Hélias.

Très tôt acquis à l'idée bretonne, le jeune rédacteur à la préfecture d'Orléans en 1938, rejoint rapidement la préfecture de Saint-Brieuc. Une ville où il créera, avec l'écrivain Louis Guilloux, la Maison de la culture bretonne.

Membre du réseau de Résistance « Défense de la France », Joseph Martray obtient, en 1943, l'aval de ses chefs pour prendre le poste de rédacteur en chef du journal finistérien La Dépêche.

En octobre 1947, il lance la revue Le Peuple breton, pour faire prospérer l'idée d'un fédéralisme européen et d'une régionalisation de la France.

À partir de 1949, il s'attelle à l'oeuvre de sa vie : fédérer toutes les forces économiques, politiques et sociales de Bretagne pour assurer le développement économique d'une région « en retard » à bien des égards. Le fameux Celib, Comité de liaison des intérêts bretons naîtra en 1950, présidé par René Pleven. Joseph Martray en assurera longtemps le secrétariat général, prenant une part discrète mais active aux « grands chantiers » bretons de l'époque : l'électrification, le plan routier, l'installation de Citroën à Rennes.

Membre du Comité économique et social national, chargé d'enseignement du droit maritime à l'Université de Nantes, Joseph Martray était aussi un spécialiste reconnu des questions liées à la mer. Il a publié de nombreux ouvrages, dont, en 2002, en collaboration avec l'universitaire Jean Ollivro, La Bretagne réunifiée, une véritable région européenne ouverte sur le monde.

Les obsèques de Joseph Martray seront célébrées jeudi 4 juin à 14 h en l'église Saint-Paul de Rennes, par l'un de ses amis, le Père Raymond Letertre.

Un hommage unanime

Nicolas Sarkozy : « Résistant pendant la Seconde Guerre mondiale, ancien journaliste, Joseph Martray a su consacrer toute sa vie à sa Bretagne natale, fondateur notamment du Comité d'études et de liaison des intérêts bretons en 1950. C'est une grande figure de l'histoire régionale bretonne qui disparaît aujourd'hui. »

Jean-Yves Le Drian, président PS de la Région : « La Bretagne perd un de ses fondateurs. Joseph Martray aura été de tous les combats qui ont fait notre devenir. Aujourd'hui, sans Joseph Martray, sans sa passion, sans sa détermination au sein du Celib, la Bretagne n'aurait pas toute la place et la reconnaissance qu'elle a. »

Marc Le Fur, député UMP de Lamballe-Loudéac : « Si la Bretagne a pu se réveiller dans les années 60, c'est sans doute grâce à l'action résolue de Joseph Martray. Joseph Martray est également l'un des militants de la réunification bretonne. Que son esprit nous porte dans les combats d'aujourd'hui pour que nous puissions construire une grande région Bretagne à cinq départements, fière de son identité et de sa différence. »

Bernadette Malgorn, ancienne préfète de Région : « Nous perdons un militant de la Bretagne et de son développement qui a su faire converger en un projet régional les aspirations diverses des Bretonnes et des Bretons. Un militant de la construction européenne, à la conviction trempée dans un profond patriotisme. »

Loïc Cauret, maire PS de Lamballe : « Joseph Martray faisait partie de ces hommes qui ont créé un esprit en Bretagne. Cet esprit, c'est celui du Celib, qui a fait que la Bretagne soit aujourd'hui capable de s'organiser comme elle le fait. Un exemple : la ligne SNCF à grande vitesse, c'est un acquis direct et indirect du travail mené par Joseph Martray et d'autres. »

Claude Champaud, ancien vice-président et porte-parole du Celib : « Il laisse les Bretons orphelins de l'un des pères fondateurs de la Bretagne moderne. Celle qui sut sortir du sous-développement économique sans renier son âme particulière. Celle qui épousa la modernité jusqu'à devenir une terre de sciences et de technologies avancées sans cesser de pratiquer une culture ancestrale, vivante et rayonnante. »


04/06/2009
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