Vivre la 6eme

Que peut-on attendre de ces deux journées de Saint-Malo ? Cela valait-il le coup d'y investir un budget de 500.000 euros et une compensation de bilan carbone de 35.000 euros, alors que les compétences et les moyens des régions sont si minces par rapport à l'enjeu ? Pour le président Le Drian, la réponse est évidemment : « Oui, ça vaut le coup ! ». A ses arguments politiques et institutionnels s'ajoutent ceux du scientifique breton Jean Jouzel (vice-président du GIEC, prix nobel de la Paix 2007 avec Al Gore) et du médiatique Nicolas Hulot. « Bien sûr, les régions françaises ne pèsent pas assez lourd. Elles pourraient être bien plus efficaces si, comme dans la plupart des autres pays, elles disposaient de budgets conséquents et de compétences élargies. Pour autant, le conseil régional agit à son niveau dans le cadre de ses missions : comment réduire la facture énergétique en Bretagne, sinon par le développement du chemin de fer régional ? Comment développer les énergies renouvelables si nous n'investissons pas dans la recherche et l'innovation ? L'intérêt du sommet est réel, d'ailleurs les Nations Unies ne s'y sont pas trompées : nous signons ce jeudi une convention ONU-Régions avec 70 millions de dollars à la clé. Cette reconnaissance de nos territoires est la conséquence d'une évidence : même en France, l'Etat ne peut rien s'il n'a pas de leviers d'action dans les régions ». « Il faut agir sur deux fronts, la réduction des gaz à effet de serre, et l'adaptation aux inévitables modifications climatiques. Sur les causes comme sur les effets du réchauffement, les régions ont un rôle à jouer. Elles peuvent développer les énergies renouvelables. Elles sont aussi les mieux placées pour trouver les meilleures réponses locales à l'impact du réchauffement. La vulnérabilité des régions est en effet très variable. En montagne, l'économie du tourisme est menacée, ailleurs c'est l'agriculture qui va devoir s'adapter. Selon les lieux, le risque vient de la sécheresse, des inondations, des cyclones ou de l'élévation du niveau de la mer. Pour réagir au mieux localement, la région est la bonne échelle. Et puis, il ne faut pas négliger le poids des élus régionaux dans les dispositifs nationaux. J'ai pu le constater lors du Grenelle, où il est clair qu'ils ont joué un rôle important. Alors, non, les régions ne sont pas sans pouvoir ». « Les responsables régionaux sont des gens qui agissent concrètement sur le terrain. Ils sont en première ligne pour définir la meilleure adaptation aux effets du réchauffement chez eux. Leur action, complémentaire de l'action globale, est nécessaire. Plus que jamais la situation de crise générale oblige chacun, à chaque niveau de responsabilité, à être cohérent. Dès lors qu'on leur en donne les moyens, les régions sont un très bon niveau d'action et de cohérence. L'une des vertus de ce sommet mondial est aussi d'animer le dialogue entre les régions du nord et celles du sud. Ces dernières sont les premières touchées par le réchauffement et il ne faut pas croire que le nord pourra s'en sortir si le sud ne s'en sort pas. Le carrefour de crises que nous connaissons aujourd'hui est une occasion unique et inespérée de se retrouver au sein de la famille humaine ».