Les pas des légions avaient marché pour lui, Les voiles des bateaux pour lui s'étaient gonflées. Pour lui les grands soleils d'automne avaient lui. Les voiles des bateaux pour lui s'étaient pliées.
Les éléphants d'Afrique avaient marché pour lui Du fin fond des déserts jusqu'aux portes de Rome. Et pour lui les soleils d'Israël avaient lui, Du haut du Sinaï jusqu'au fin fond de l'homme.
Et les pas d'Alexandre avaient marché pour lui De son jeune berceau jusqu'à sa jeune mort. Il était le seigneur de l'un et l'autre port. Il était le seigneur d'hier et d'aujourd'hui.
Et les pas de César avaient marché pour lui Du fin fond de la Gaule aux rives de Memphis. Tout homme aboutissait aux pieds du divin fils. Et il était venu comme un voleur de nuit.
Les rêves de Platon avaient marché pour lui Du cachot de Socrate aux prisons de Sicile.
Les soleils idéaux pour lui seul avaient lui Et pour lui seul chanté le gigantesque Eschyle.
Il allait hériter d'un monde déjà fait, Et pourtant il allait tout jeune le refaire.
Il allait procéder de la cause à l'effet Comme le Fils procède en descendant du Père.
EPIPHANIE José Maria de Heredia
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Donc Balthazar, Melchior et Gaspar, les Rois Mages, Chargés de nefs d'argent, de vermeil et d'émaux Et suivis d'un très long cortège de chameaux, S'avancent, tels qu'ils sont dans les vieilles images.
De l'Orient lointain, ils portent leurs hommages Aux pieds du fils de Dieu né pour guérir les maux Que souffrent ici-bas l'homme et les animaux ; Un page noir soutient leurs robes à ramages.
Sur le seuil de l'étable où veille Saint Joseph, Ils ôtent humblement la couronne du chef Pour saluer l'Enfant qui rit et les admire.
C'est ainsi qu'autrefois, sous Augustus César, Sont venus, présentant l'or, l'encens et la myrrhe, Les Rois Mages Gaspar, Melchior et Balthazar. |
Noël Théophile GAUTIER (1811-1872) Emaux et camées |
Le ciel est noir, la terre est blanche ; - Cloches, carillonnez gaîment ! - Jésus est né ; - la Vierge penche Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées Pour préserver l'enfant du froid ; Rien que les toiles d'araignées Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche, Ce cher petit enfant Jésus, Et pour l'échauffer dans sa crèche L'âne et le boeuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges, Mais sur le toit s'ouvre le ciel Et, tout en blanc, le choeur des anges
Noël Dyali Foda Ethiopiques Revue socialiste de culture négro-africaine. N°4, octobre 1975 |
Rome Est en flamme Et Néron chante Alléluia !
Noël pour les décombres Face Au monde qui bout Hitler Entonne Alléluia !
Noël pour les pluies de feu Sous un nuage de mort Hiroshima Alléluia !
Noël pour le génocide L'oncle Sam au Vietnam Creuse des tombes Alléluia !
Et le colon en Angola S'enivre de sang Alléluia !
Harlem et Pretoria et Salisbury Caves noires de la mort lente O mes frères de douleur C'est Noël pourtant A Bethléem une nuit froide dans une étable Alléluia ! Est né pour les humbles Pour le Monde de la Misère et des Souffrances Alléluia ! Noël pour les affamés Alléluia ! Damnés de la Terre Noël Pour le pain Noël Pour la paix Noël Pour la liberté. | Chante aux bergers : « Noël ! Noël ! » |
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